La sécurité émotionnelle est pour l’autiste un socle fondamental. Une certitude d’être apprécié qui ne l’installe pas dans un confort inerte, mais qui l’incite constamment à tout donner, car de la part de l’autre, il sait constamment qu’il va tout recevoir : un sourire, de la tendresse, et en amour, deux yeux brillants.
Tout donner, pour tout recevoir : le souci de cohérence, sans cesse de réciprocité, le motive à offrir les trésors en lui, pour recevoir des autres, une chaleur apaisante, un amour, une magie : qui le sortira enfin de sa vigilance, de son cerveau, pour laisser enfin totalement les manettes à son corps, à son humour, à son coeur. Du coup, il donne tout. Et si en face, finalement on ne lui rend pas : il ne comprend pas. Il ne saisit pas que l’autre n’ait pas compris la chance, ce privilège unique de la transparence quand elle est associée toujours à la générosité.
Alors, immédiatement, il se sent tiraillé : entre un cerveau, par désir de réciprocité, qui suggère, immédiatement, comme eux, de moins donner. Et une certitude en lui, qui lui répète que ne pas tout donner, impliquera forcément de ne pas tout recevoir. Donc de vivre, en permanence, dans l’aléatoire. L’insécurité émotionnelle. Et sa vigilance associée. Et l’impossibilité d’évoluer dans la spontanéité. Alors l’énergie en lui commence a stagné. L’implosion va arriver : ou du moins, le compte à rebours a déjà commencé.
Quand il pense ça, à l’incapacité de beaucoup à réellement donner, ce qui lui permettrait d’être sécurisé, et de faire ainsi profiter l’ensemble de la société de ses trésors. Quand il pense à ça, une colère monte en lui, il aimerait l’évacuer, par des mots précis, ou déjà pour se libérer, par des larmes confuses… Quand il pense à ça, un mot lui vient : gâchis.
Pourtant, il ne peut pas longtemps se résigner et rester abattu. S’il ne donne plus le meilleur de lui, que pourra-t-il aux autres honnêtement réclamer ?
Article écrit » avec le corps, non avec la tête » : precis, cohérent, vivant
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